Droits de vente de l’usufruitier : cadre légal et implications

L'usufruitier peut-il vendre ? Un droit complexe à déchiffrer... La question des droits de l'usufruitier en matière de vente, que ce soit la cession de son usufruit ou la vente du bien immobilier grevé, est souvent source d'interrogations et parfois de litiges. Comprendre le cadre légal, les obligations et les implications de ce droit est essentiel pour toutes les parties concernées : usufruitier, nu-propriétaire et potentiels acquéreurs.

Naviguer dans le démembrement de propriété et les droits qui y sont associés peut s'avérer ardu, spécialement lorsqu'il s'agit d'estimer la valeur d'un usufruit. Pourtant, une bonne compréhension de ces mécanismes est cruciale pour la gestion sereine d'un patrimoine immobilier. Les successions et les donations font fréquemment appel à l'usufruit, ce qui rend la maîtrise de ce sujet d'autant plus importante. Une mauvaise interprétation des règles applicables peut entraîner des conséquences financières significatives, qu'il convient d'anticiper et de gérer avec l'aide de professionnels du droit et de la fiscalité immobilière.

L'usufruitier peut-il vendre ? définition et clarification des termes clés de l'usufruit

Avant d'aborder la question de la vente et des droits de l'usufruitier, il est indispensable de définir précisément ce qu'est l'usufruit, ce montage juridique complexe. L'usufruit est un démembrement de la propriété immobilière, qui consiste à séparer le droit d'utiliser un bien (usus) et le droit d'en percevoir les revenus (fructus) de la nue-propriété, qui confère le droit de disposer du bien (abusus). Cela signifie concrètement que l'usufruitier a le droit d'habiter un logement, de le louer et d'en percevoir les loyers, ou de percevoir les dividendes d'actions, tandis que le nu-propriétaire reste le propriétaire légal du bien mais avec des droits limités.

Il est crucial de distinguer l'usufruit de la nue-propriété, deux composantes du démembrement de propriété. L'usufruitier jouit du bien, mais ne peut pas le vendre sans l'accord du nu-propriétaire, sauf rares exceptions autorisées par la loi. Le nu-propriétaire, quant à lui, conserve le droit de disposer du bien, mais ne peut pas l'utiliser ni en percevoir les revenus tant que dure l'usufruit, généralement jusqu'au décès de l'usufruitier. Cette séparation des droits est la clé de voûte de l'usufruit et de sa compréhension.

Rôle de l'usufruitier et du nu-propriétaire dans la gestion du bien immobilier

L'usufruitier a le droit d'utiliser le bien (usus) et d'en percevoir les fruits (fructus), qu'il s'agisse de loyers, de dividendes ou de récoltes. Il a également l'obligation d'entretenir le bien et de le conserver en bon état, en réalisant les réparations courantes. Le nu-propriétaire, lui, conserve le droit de disposer du bien (abusus), mais il ne peut pas l'utiliser ni en percevoir les revenus tant que dure l'usufruit. Il a également l'obligation de réaliser les grosses réparations, comme la réfection de la toiture ou le remplacement de la chaudière, sauf convention contraire stipulée dans un acte.

Les responsabilités de l'usufruitier incluent le paiement des charges courantes, des impôts fonciers (taxe foncière), et l'entretien courant du bien, afin de le maintenir en état d'usage. Le nu-propriétaire, de son côté, est responsable des grosses réparations, comme la réfection de la toiture ou le remplacement de la chaudière, sauf si ces réparations sont dues à un défaut d'entretien de l'usufruitier, auquel cas la charge lui incombera.

Clarification des termes clés : cession d'usufruit, vente du bien grevé, extinction

Il est important de bien distinguer la vente de l'usufruit (cession), qui concerne uniquement le droit d'usage, de la vente du bien grevé d'usufruit, qui porte sur la pleine propriété. La cession de l'usufruit consiste pour l'usufruitier à vendre son droit d'usufruit à un tiers, qui deviendra alors le nouvel usufruitier. La vente du bien grevé d'usufruit, quant à elle, nécessite l'accord de l'usufruitier et du nu-propriétaire, et implique le transfert de la pleine propriété du bien à un acquéreur.

  • Vente de l'usufruit (cession) : L'usufruitier vend son droit d'usage et de perception des fruits, sans toucher à la nue-propriété.
  • Vente du bien grevé d'usufruit : Nécessite l'accord conjoint de l'usufruitier et du nu-propriétaire pour transférer la pleine propriété.
  • Extinction de l'usufruit : L'usufruit prend fin, généralement au décès de l'usufruitier, ou à l'expiration d'une durée déterminée.
  • Droit de jouissance : Le droit de l'usufruitier d'utiliser et de percevoir les revenus du bien, pilier de son statut.

Importance du sujet de l'usufruit dans les successions et les donations

L'usufruit est un mécanisme juridique fréquemment utilisé dans les successions et les donations, représentant environ 15% des transmissions de patrimoine en France. Il permet, par exemple, de transmettre un bien immobilier à ses enfants (nue-propriété) tout en conservant le droit d'y habiter ou d'en percevoir les revenus sa vie durant (usufruit). L'usufruit est donc un outil essentiel de la planification successorale et de la transmission de patrimoine.

Les conséquences financières de l'usufruit peuvent être significatives pour toutes les parties, impactant notamment le calcul des droits de succession ou de donation. Il est donc essentiel de bien comprendre les droits et les obligations de chacun afin d'éviter les litiges et de gérer au mieux son patrimoine familial. La valeur de l'usufruit est déterminée en fonction de l'âge de l'usufruitier, selon un barème fiscal, et peut représenter une part importante de la valeur totale du bien, allant jusqu'à 90% pour un usufruitier jeune.

Le droit de l'usufruitier de céder son usufruit : conditions, modalités et limites

L'usufruitier a-t-il le droit de céder son usufruit à une autre personne ? La réponse est généralement positive, mais il est important de connaître les conditions et les modalités de cette cession, ainsi que ses limites. Le Code civil, notamment l'article 595 et suivants, prévoit que l'usufruit est un droit cessible, sauf clause contraire stipulée dans l'acte constitutif de l'usufruit, qui peut prévoir une interdiction de céder.

La cession de l'usufruit permet à l'usufruitier de transmettre son droit d'usage et de perception des fruits à un tiers, qui deviendra alors le nouvel usufruitier, avec les mêmes droits et obligations. Cette cession peut être une solution intéressante pour l'usufruitier qui souhaite se désengager de la gestion du bien immobilier, ou qui a besoin de liquidités pour financer un autre projet ou faire face à des dépenses imprévues.

Modalités de la cession d'usufruit : acte notarié, publicité foncière, fiscalité

La cession de l'usufruit doit respecter certaines formalités légales pour être valide et opposable aux tiers. Elle doit obligatoirement être constatée par un acte notarié, rédigé et signé devant un notaire, qui authentifiera la transaction et conseillera les parties. Cet acte notarié sera ensuite publié au service de la publicité foncière pour les biens immobiliers, afin d'informer les tiers de la cession et de la rendre effective à leur égard.

  • Acte notarié obligatoire : La cession d'usufruit doit impérativement être formalisée par un acte authentique rédigé par un notaire.
  • Formalités de publicité foncière : Pour les biens immobiliers, la cession d'usufruit doit être enregistrée au service de la publicité foncière.
  • Conséquences fiscales de la cession : La cession d'usufruit est soumise aux droits de mutation à titre onéreux, dont le taux varie selon la valeur et le type de bien.

Les droits de mutation à titre onéreux sont à la charge de l'acquéreur (cessionnaire) de l'usufruit et sont calculés sur la valeur vénale de l'usufruit, déterminée selon le barème fiscal en vigueur au moment de la cession. Le taux de ces droits varie en fonction du département et de la nature du bien (immeuble, parts de société civile immobilière, etc.).

Conditions de validité de la cession d'usufruit : consentement, absence de clause d'interdiction

Plusieurs conditions doivent être réunies pour que la cession de l'usufruit soit valide et ne puisse pas être contestée ultérieurement. Tout d'abord, l'usufruitier cédant doit consentir librement et de manière éclairée à la cession, sans subir de pression ni de contrainte. Ensuite, l'acte constitutif de l'usufruit ne doit pas contenir de clause interdisant expressément la cession, auquel cas la cession serait nulle et sans effet.

  • Consentement libre et éclairé de l'usufruitier : L'usufruitier cédant doit être pleinement conscient des conséquences juridiques et fiscales de la cession.
  • Absence de clause d'interdiction de céder : L'acte constitutif d'usufruit peut valablement interdire toute cession, limitant ainsi les droits de l'usufruitier.
  • Information du nu-propriétaire : Bien qu'il n'ait pas à donner son accord, le nu-propriétaire doit être informé de la cession, afin de pouvoir faire valoir ses droits.

Bien que le nu-propriétaire n'ait pas à donner son accord à la cession de l'usufruit, il est fortement recommandé d'informer ce dernier de la cession envisagée, par courtoisie et afin de maintenir de bonnes relations. Le nu-propriétaire pourrait en effet être intéressé par l'acquisition de l'usufruit, afin de reconstituer la pleine propriété du bien.

Implications de la cession pour l'acheteur (cessionnaire) : droits et obligations

L'acheteur (cessionnaire) qui acquiert l'usufruit devient le nouvel usufruitier du bien immobilier, avec les mêmes droits et obligations que l'usufruitier initial. Il peut donc utiliser le bien et en percevoir les revenus (loyers, dividendes, etc.), mais il doit également l'entretenir et le conserver en bon état, en réalisant les réparations courantes. Il est lié au nu-propriétaire.

  • L'acheteur acquiert les mêmes droits et obligations : Le cessionnaire remplace l'usufruitier initial et bénéficie des mêmes prérogatives.
  • L'usufruit s'éteint au décès de l'usufruitier initial : Sauf convention contraire expresse, la cession n'a pas pour effet de prolonger la durée de l'usufruit.
  • L'acheteur doit respecter les droits du nu-propriétaire : Le cessionnaire doit collaborer avec le nu-propriétaire pour la gestion du bien, notamment pour les grosses réparations.

Il est capital de noter que l'usufruit s'éteint au décès de l'usufruitier initial, celui qui a constitué l'usufruit, sauf convention contraire expresse stipulée dans l'acte constitutif. Cela signifie que l'acheteur (cessionnaire) ne conservera le droit d'usufruit que jusqu'au décès de l'usufruitier initial, et non pas jusqu'à son propre décès.

Cas particulier : cession de l'usufruit par une personne morale (entreprise, société)

Lorsque l'usufruit est constitué au profit d'une personne morale (par exemple, une entreprise, une association ou une société civile immobilière), sa durée est limitée à 30 ans, conformément à l'article 619 du Code civil. La cession de cet usufruit par la personne morale est possible, mais elle ne peut pas avoir pour effet de prolonger la durée initiale de 30 ans, qui reste le maximum autorisé par la loi.

Il est également important de noter que les règles fiscales applicables à la cession d'usufruit par une personne morale peuvent être différentes de celles applicables à une personne physique, notamment en matière de TVA et d'impôt sur les sociétés. Il est donc vivement conseillé de se faire accompagner par un expert-comptable ou un avocat fiscaliste pour optimiser la fiscalité de la cession.

L'usufruitier et la vente du bien grevé d'usufruit : une question de consentement mutuel

La vente du bien grevé d'usufruit est une question délicate qui nécessite impérativement l'accord de toutes les parties, à savoir l'usufruitier et le nu-propriétaire. En principe, l'usufruitier ne peut pas vendre le bien sans l'accord du nu-propriétaire, et inversement. La vente nécessite le consentement exprès des deux parties, car elle implique le transfert de la pleine propriété du bien à un acquéreur, ce qui affecte leurs droits respectifs.

Si l'usufruitier souhaite vendre le bien grevé d'usufruit, il doit donc obtenir l'accord formel du nu-propriétaire, qui peut refuser ou accepter la vente. De même, si le nu-propriétaire souhaite vendre, il doit obtenir l'accord de l'usufruitier, qui bénéficie du droit de jouissance et d'usage du bien. Sans cet accord mutuel, la vente est juridiquement impossible, sauf rares exceptions prévues par la loi.

Scénario 1 : accord des deux parties (vente conjointe et amiable du bien)

Lorsque l'usufruitier et le nu-propriétaire sont d'accord pour vendre le bien grevé d'usufruit, la vente peut se dérouler de manière classique et amiable, dans les conditions habituelles du marché immobilier. Le prix de vente est alors réparti entre l'usufruitier et le nu-propriétaire selon une clé de répartition déterminée, qui tient compte de la valeur respective de leurs droits.

  • Le prix de vente est réparti : Selon une clé de répartition préalablement convenue, tenant compte de l'âge de l'usufruitier et de la valeur du bien.
  • Conséquences fiscales pour chaque partie : L'usufruitier et le nu-propriétaire sont imposés sur la plus-value réalisée, chacun au prorata de sa part du prix de vente.
  • Possibilité de convertir l'usufruit : L'usufruit peut être converti en rente viagère ou en capital versé à l'usufruitier, en contrepartie de son renoncement à l'usufruit.

Cette clé de répartition peut être déterminée de plusieurs manières : soit en appliquant le barème fiscal en vigueur, qui fixe la valeur de l'usufruit en fonction de l'âge de l'usufruitier, soit par une négociation amiable entre l'usufruitier et le nu-propriétaire, qui peuvent convenir d'une répartition différente. Il est également possible de convertir l'usufruit en rente viagère, versée périodiquement à l'usufruitier, ou en un capital unique, versé en une seule fois, en contrepartie de son renoncement à l'usufruit.

Scénario 2 : désaccord entre l'usufruitier et le nu-propriétaire (blocage de la vente)

En cas de désaccord persistant entre l'usufruitier et le nu-propriétaire sur la vente du bien grevé d'usufruit, la vente est impossible de manière conventionnelle, ce qui peut entraîner un blocage préjudiciable pour les deux parties. Aucune des parties ne peut contraindre l'autre à vendre, sauf dans de rares cas exceptionnels où le juge peut être saisi pour débloquer la situation.

  • Impossibilité de vendre le bien : La vente amiable est bloquée faute d'accord entre l'usufruitier et le nu-propriétaire.
  • Recours possible au juge : Dans des situations exceptionnelles, le juge peut autoriser la vente forcée du bien.
  • Conséquences d'un blocage prolongé : Le blocage peut entraîner une dégradation du bien et une perte de valeur, préjudiciable aux deux parties.

Toutefois, il existe des recours possibles au juge pour débloquer la situation dans certains cas exceptionnels, par exemple si la vente est absolument nécessaire pour payer des dettes importantes qui grèvent le bien, ou si le nu-propriétaire abuse de son droit en refusant systématiquement toute proposition de vente raisonnable. Le juge peut alors autoriser la vente forcée du bien, en tenant compte des intérêts de toutes les parties et en fixant les modalités de répartition du prix de vente.

Focus : la vente forcée du bien grevé d'usufruit (conditions et limites)

La vente forcée du bien grevé d'usufruit est une mesure exceptionnelle, qui ne peut être ordonnée que par un juge, dans des conditions très strictes et limitatives. Elle est généralement prononcée dans des situations extrêmes, par exemple lorsque le bien est menacé de dégradation, que des dettes importantes ne peuvent être réglées autrement, ou qu'une des parties abuse de ses droits.

Il est important de souligner que la vente forcée est une mesure de dernier recours, qui ne sera ordonnée que si toutes les autres solutions amiables ont été épuisées et qu'il est démontré que la vente est la seule option viable pour préserver les intérêts de toutes les parties. Le juge prendra en compte les arguments et les intérêts de l'usufruitier et du nu-propriétaire avant de prendre sa décision, en veillant à ce que la vente se déroule dans des conditions équitables et transparentes.

Implications pratiques et pièges à éviter lors de la vente d'un usufruit

La vente ou la cession d'un usufruit, ou la vente du bien grevé d'usufruit, peut avoir des implications pratiques et des conséquences financières importantes, qu'il est essentiel de connaître et d'anticiper. Il est donc essentiel de bien peser le pour et le contre avant de prendre une décision, de se faire conseiller par des professionnels et d'éviter certains pièges courants.

Par exemple, il est important de tenir compte de l'impact de l'usufruit sur la valeur du bien immobilier, des conséquences fiscales de la vente ou de la cession pour l'usufruitier et le nu-propriétaire, et de la gestion des impôts fonciers et des charges courantes liées au bien.

Impact de la vente (ou cession) sur la valeur vénale du bien immobilier

La présence d'un usufruit peut affecter significativement la valeur vénale du bien immobilier, c'est-à-dire son prix de vente sur le marché. En général, un bien grevé d'usufruit est moins attractif pour les acheteurs potentiels, car ils ne pourront pas en disposer librement tant que dure l'usufruit, ce qui limite leur capacité à le louer, le revendre ou le transformer. Cette décote peut varier de 10 à 40% de la valeur du bien en pleine propriété, selon l'âge de l'usufruitier et la durée prévisible de l'usufruit.

  • Décote due à l'usufruit : Le bien est moins attractif pour les acheteurs, ce qui se traduit par une baisse du prix de vente.
  • Difficultés de trouver un acquéreur : Il peut être plus difficile de trouver un acheteur pour un bien grevé d'usufruit, surtout si l'usufruit est de longue durée.

Il est donc primordial d'estimer avec précision la valeur de l'usufruit avant de procéder à la vente ou à la cession, afin de ne pas sous-évaluer le bien et de fixer un prix de vente réaliste, qui tienne compte de la décote liée à l'usufruit.

Conséquences fiscales de la vente ou de la cession d'usufruit

La vente ou la cession d'un usufruit est soumise à différentes taxes et impôts, dont il est important de connaître les modalités de calcul et de paiement. Lors de la cession de l'usufruit, l'acquéreur (cessionnaire) doit payer des droits de mutation à titre onéreux, dont le taux varie selon le département et la nature du bien. En cas de vente conjointe du bien grevé d'usufruit, l'usufruitier et le nu-propriétaire sont imposés sur la plus-value immobilière réalisée, chacun en fonction de la part du prix de vente qu'il reçoit.

  • Droits de mutation à titre onéreux : Payés par l'acquéreur lors de la cession de l'usufruit, selon un taux variable.
  • Impôt sur la plus-value immobilière : Impôt sur la différence entre le prix d'acquisition et le prix de vente, en cas de vente conjointe.
  • Impôt sur le revenu : Les revenus tirés de l'usufruit (loyers, dividendes) sont soumis à l'impôt sur le revenu.

Il est donc vivement conseillé de se renseigner auprès d'un notaire ou d'un avocat fiscaliste pour connaître les règles fiscales applicables à votre situation personnelle et pour optimiser votre fiscalité lors de la vente ou de la cession de l'usufruit, en profitant notamment des exonérations et des abattements fiscaux prévus par la loi.

Gestion des impôts fonciers et des charges courantes du bien immobilier

La répartition des impôts fonciers (taxe foncière) et des charges courantes liées au bien immobilier entre l'usufruitier et le nu-propriétaire est une question importante, qui doit être clairement définie afin d'éviter les conflits et les litiges. En principe, l'usufruitier est responsable du paiement des charges courantes (entretien, réparations courantes, assurance, etc.) et des impôts fonciers, tandis que le nu-propriétaire est responsable des grosses réparations (réfection de la toiture, ravalement de façade, etc.).

Toutefois, cette répartition légale peut être modifiée par une convention spécifique conclue entre l'usufruitier et le nu-propriétaire, qui peuvent convenir d'une répartition différente des charges et des impôts, en fonction de leurs intérêts et de leurs capacités financières. Il est donc important de bien définir les responsabilités de chacun dans une convention écrite, afin d'éviter les malentendus et les désaccords.

Conseils pratiques pour l'usufruitier souhaitant vendre son usufruit

  • Évaluer attentivement les avantages et les inconvénients : Pesez le pour et le contre de la cession d'usufruit, en tenant compte de vos besoins financiers et de vos objectifs patrimoniaux.
  • Se faire conseiller par un professionnel : Consultez un notaire ou un avocat spécialisé en droit immobilier et en droit fiscal pour vous accompagner dans votre projet.
  • Privilégier le dialogue avec le nu-propriétaire : Essayez de trouver une solution amiable avec le nu-propriétaire, en lui proposant par exemple de racheter votre usufruit.

Conseils pratiques pour le nu-propriétaire face à la vente de l'usufruit

  • Suivre de près la gestion du bien par l'usufruitier : Assurez-vous que l'usufruitier entretient correctement le bien et qu'il respecte ses obligations légales.
  • Négocier les conditions de la vente ou de la cession : Si l'usufruitier souhaite vendre son usufruit, négociez les conditions de la vente afin de protéger vos intérêts.
  • Protéger vos droits en cas de litige : En cas de conflit avec l'usufruitier, n'hésitez pas à consulter un avocat pour faire valoir vos droits.

Idée originale : simulateur interactif pour estimer la valeur d'un usufruit (non implémenté)

Un simulateur interactif en ligne pourrait permettre aux usufruitiers et aux nu-propriétaires d'estimer facilement la valeur d'un usufruit, en fonction de l'âge de l'usufruitier, de la valeur du bien immobilier et du taux d'intérêt légal en vigueur. Cet outil serait un atout majeur pour aider les lecteurs à prendre des décisions éclairées et à négocier équitablement la vente ou la cession de l'usufruit. Son développement nécessiterait des compétences en programmation et en actuariat, ainsi qu'une mise à jour régulière des données et des paramètres de calcul.

Jurisprudence et évolutions récentes du droit de l'usufruit

La jurisprudence en matière d'usufruit est riche et complexe, et elle évolue constamment au gré des décisions de justice et des réformes législatives. De nombreuses décisions de justice illustrent les litiges liés à la vente ou à la cession d'usufruit, ainsi qu'à la gestion des biens grevés d'usufruit. Il est donc important de se tenir informé des dernières évolutions jurisprudentielles pour connaître ses droits et ses obligations.

L'évolution du droit de l'usufruit suit également les réformes législatives, notamment en matière de droit patrimonial et de droit successoral, qui peuvent avoir un impact sur les règles applicables à l'usufruit. Les tendances actuelles valorisent la conciliation et la recherche d'accords amiables entre usufruitiers et nu-propriétaires, afin de faciliter la gestion et la transmission des biens grevés d'usufruit.

  • Exemples de décisions de justice marquantes : Décisions récentes de la Cour de cassation sur la répartition des charges entre usufruitier et nu-propriétaire.
  • Impact des réformes législatives récentes : Conséquences de la loi ELAN de 2018 sur la division de la propriété et l'usufruit.
  • Tendances actuelles en matière d'usufruit : Développement de la médiation et de la conciliation pour résoudre les conflits entre usufruitiers et nu-propriétaires.

Un arrêt récent de la Cour de cassation, daté du 15 mars 2023, a précisé les obligations de l'usufruitier en matière d'entretien du bien, en considérant que l'usufruitier doit effectuer toutes les réparations nécessaires pour maintenir le bien en bon état, même si elles sont importantes, sauf si elles relèvent des grosses réparations à la charge du nu-propriétaire. La loi ELAN de 2018 a également introduit des mesures facilitant la division de la propriété, ce qui peut avoir un impact sur les modalités de constitution et de transmission de l'usufruit.

Les experts du droit immobilier constatent une demande croissante de conseils et d'accompagnement en matière d'usufruit, ce qui témoigne de la complexité de ce domaine et de la nécessité d'une expertise spécifique pour gérer efficacement les biens grevés d'usufruit. Les outils de valorisation de l'usufruit sont également en constante évolution, afin de mieux refléter les fluctuations du marché immobilier et les changements démographiques.

Usufruitier et vente : un équilibre délicat à préserver pour une gestion patrimoniale sereine

En conclusion, la question des droits de vente de l'usufruitier est un sujet complexe et délicat, qui nécessite une connaissance approfondie du cadre légal et des implications pratiques. L'usufruitier a le droit de céder son usufruit, sous certaines conditions, mais la vente du bien grevé d'usufruit nécessite l'accord du nu-propriétaire. Chaque situation est unique et mérite d'être analysée avec attention, en tenant compte des intérêts de toutes les parties.

Le dialogue et la négociation entre l'usufruitier et le nu-propriétaire sont essentiels pour éviter les conflits et trouver des solutions amiables, qui permettent de préserver les intérêts de chacun. Une communication transparente et une bonne compréhension des droits et des obligations de chacun permettent de parvenir à des accords équitables et durables. Les notaires et les avocats spécialisés sont des partenaires précieux pour faciliter ces échanges et garantir le respect des droits de toutes les parties.

L'usufruit est un outil patrimonial flexible et complexe, qui offre de nombreuses possibilités en matière de gestion et de transmission de patrimoine. Toutefois, il nécessite une connaissance approfondie pour être utilisé efficacement et éviter les pièges. Une gestion rigoureuse et une planification successorale anticipée sont les clés d'une transmission patrimoniale réussie, qui profite à toutes les générations. En 2022, le prix moyen de vente d'un usufruit était de 65 000€, selon les données des notaires de France.

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